Abbé GODDARD
Curé de Chislehurst. L.A.S., 3 mars et 7 mars 1879, au cardinal Lucien Bonaparte
; 4 pages in-8.
"le 3 mars 1879
Eminence,
Les nouvelles du départ subit de notre cher Prince sont déjà arrivées à votre
Eminence.
Inutile de vous dire toute la peine que nous souffrons de cette séparation, et surtout du
sentiment du danger qu'il doit nécessairement encourir !
Priez bien pour lui, Eminence, et demandez, je vous conjure, avec constance, la Bénédiction
apostolique, et les prières du Souverain Pontife pour lui, pour sa pauvre mère, et pour le pardon de son âme.
Plus que jamais, vu ce qui se passe en France, cette illustre vie paraît indispensable à
l'Eglise, et à la Patrie.
Le jour avant son départ, j'avais écrit un petit mot au Prince lui rappelant les devoirs de
bon Catholique, craignant que dans la surexcitation des préparatifs de ce voyage il ne les oubliât.
Ci-jointe, je vous envoie la touchante et admirable lettre qu'il m'a envoyée.
En effet, le matin même de son départ il est venu à notre Eglise recevoir le Seigneur dans son
très saint Sacrement ! Que Dieu soit loué !
le 7 mars,
Je viens de recevoir la lettre de votre Eminence.
Ah ! Que je comprends bien vos inquiétudes ! Cette lettre, que j'avais commencée il y a trois
jours, vous rassurera un peu, j'espère.
Cette vie précieuse est entre les mains de Dieu ! Prions le de nous la garder, pour la gloire
de son Eglise, et le Salut de la France !
Il n'y a qu'une voix dans toute l'Angleterre, et dans ce qui reste de sain en France, pour
louer le courage et le dévouement du Chef de votre illustre famille.
L'Impératrice est bien triste, mais elle est, comme toujours, à la hauteur de son devoir
!
Veuillez agréer, Eminence, l'expression des hommages les plus respectueux et des sentiments
les plus dévoués du plus humble des serviteurs de votre Eminence.
Copie de la lettre du Prince Impérial adressée à Monsignor Goddard le 26 février 1879
:
"Je vous remercie de la lettre que vous avez bien voulu m'écrire. Elle me prouve toute
l'affection que vous me portez.
Mais je tiens à ce que vous ne croyez pas que la précipitation de mon départ et le soin des
détails m'aient fait oublier mes devoirs de Chrétien !
Je me présenterai demain, jeudi, à 7 ½ ou 8h, pour communier une dernière fois dans la
chapelle de Chislehurst, où je désire être déposé si je viens à mourir.
Votre bien affectionné,
Napoléon".