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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 12:16

Le Prince Impérial

 

« A la nouvelle que le prince impérial venait de trouver la mort dans la guerre du Zoulouland, la presse française, à de rares exceptions près, a spontanément manifesté ses sympathies pour cette femme malheureuse, pour cette mère qui se voyait si brusquement enlever l’orgueil de sa vie et la suprême consolation de sa vieillesse. Les journaux ont oublié leurs querelles de parti pour saluer respectueusement la tombe d’un soldat, qui, malgré l’éloignement forcé auquel il était condamné, était toujours resté Français. Le Monde illustré ne peut rester en dehors de cette manifestation de la pitié en faveur de celle qui, pendant dix-huit ans, fut assise sur le trône de France ; il s’associe donc cordialement aux sentiments si noblement exprimés par une partie des journaux parisiens et principalement par le Moniteur.

 

Le prince impérial était devenu très populaire en Angleterre ; il s’était façonné aux mœurs du pays ; il avait voulu entrer à Woolwich comme un simple cadet de famille ; il s’était toujours montré d’une grande douceur et d’une grande simplicité à l’égard de ses camarades ; on racontait quelques traits tout à son honneur. Cela se répétait, les journaux du pays s’occupaient de lui, de sorte que les sympathies de la population lui avaient été bien vite acquises. On n’oubliait pas surtout qu’il était le fils de l’allié fidèle de la nation anglaise. Toutes ces raisons firent que sa mort produisit, de l’autre côté du détroit, un retentissement au moins égal à celui qu’elle eut en France. Poor boy ! disaient les Anglais en songeant à cette fin si triste et si prématurée.

 

On sait que le prince avait voulu suivre sa batterie dans le Zoulouland. Arrivé à cet âge où beaucoup de fils de famille gaspillent leur vie et la jettent à tous les vents de la passion et du plaisir, il avait voulu faire acte de virilité ; et, malgré les larmes de sa mère, il était parti avec ses camarades de régiment pour le sud de l’Afrique. Ceux-ci ont résolu de célébrer sa mémoire en lui élevant un monument, et, à l’heure où nous écrivons, une souscription est ouverte dans ce but à l’école de Woolwich. A l’école, en effet, le prince avait absolument vécu de la vie des autres jeunes gens, assis à leurs côtés dans les salles d’étude et sur les bancs des classes, partageant leurs repas, et n’ayant sur eux d’autres prérogatives que celle d’un logement particulier. Il a été décidé que, lorsque son corps reviendrait en Angleterre, on lui rendrait les honneurs militaires tout comme on les rendrait à un officier anglais.

 

Nous aurions voulu pouvoir vous raconter à nos lecteurs quelques anecdotes de la jeunesse du fils de Napoléon III. Toutefois, en voici une qui montre qu’aux Tuileries mêmes l’enfant était élevé avec une certaine sévérité.

 

Il avait six ou sept ans à cette époque ; le bambin avait pour un petit chat du palais une affection très grande. Un jour, son ami à quatre pattes, dans un moment de mauvaise humeur, sans doute, montra les griffes et même les fit sentir. Le petit prince, furieux, saisit une pelle au coin de la cheminée et s’élança vers le chat qui se pelotonnait, tout honteux de son méfait. A ce moment, l’impératrice entra, et, après avoir vertement admonesté l’enfant, elle le condamna à rester enfermé pendant toute la journée dans sa chambre. Le prince, l’oreille basse, se disposait à obéir, quand il se rappela soudain qu’il avait une satisfaction à accorder à celui qui avait failli devenir sa victime. Il se retourna vers son chat, et, le cœur bien gros :

- Pardon, petit chat, dit-il tristement.

 

La mère se sentit désarmée, et l’enfant fut pardonné. C’est une histoire d’enfance ; quant aux traits de son adolescence, c’est aux historiens anglais qu’il appartient de les raconter, car, à l’âge de treize ans, le fils de Napoléon III partait pour l’exil, où la mort devait le surprendre ».

 

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 08:37

La mort du Prince Impérial

 

« C’est un prince, et c’est bien un homme comme un autre.

Mais dût-on quelque part me déclarer suspect,

Tel est mon sentiment, - et sans doute le vôtre,

Ô lecteurs : - même prince, il a droit au respect !

 

Certes ! ni vous ni moi n’allons, à son aspect,

Chapeau bas et courbés, dire la patenôtre

De la servilité monarchique où se vautre

Un vulgaire oublieux de l’honneur circonspect.

 

Mais tant que nous serons les vaincus que nous sommes,

Notre mépris des rois peut-il à de tels hommes

Défendre d’exalter nos drapeaux en haillons ?

 

De ruines encor la Patrie est couverte …

Respect à tout soldat lorsqu’il dit : Travaillons ! »

Et que l’Allemand guette à la frontière ouverte !

 

Lundi 16 juin 1879.

Auguste BALUFFE

 

***

 

Ce sonnet a été écrit en l’honneur du général inspecteur duc d’Aumale.

L’auteur, M. Auguste Baluffe, est le rédacteur de l’Hérault, journal franchement républicain, une de ces feuilles départementales dirigées loyalement par de jeunes libéraux amants de la liberté et du progrès. Ecrivains de talent, écrivains patriotes qui accomplissent avec énergie la tâche, ingrate parfois, qu’ils se sont imposée : de faire aimer la République.

 

Ce sont ces vaillants qui sont aujourd’hui les vrais chefs du parti avancé. Ils ont le courage de rendre à César ce qui lui appartient : sa qualité de citoyen.

 

***

 

Les quatre premiers vers de ce sonnet ne semblent-ils pas écrits pour ce jeune prince qui vient de mourir d’une façon si déplorable ?

 

Tout a été dit sur cet évènement, et nous n’y reviendrons pas ; mais le premier devoir du chroniqueur n’est-il pas de mentionner l’état des esprits après un évènement considérable ?

 

Aujourd’hui encore, tout le monde ressent le même sentiment de commisération pour ce jeune prince qui a été mourir si jeune au rivage africain. On commente les profits qu’il pouvait retirer de cette aventure : ils étaient nuls. La fatalité s’en est mêlée, et voilà tout.

 

Ce qu’il faut consigner avant tout, c’est la dignité de la presse française. Aucun journal, appartenant à une opinion quelconque, n’a écrit une ligne violente ou blessante. Quelques uns – c’était leur droit – ont apprécié les conséquences politiques qui devaient résulter de l’évènement, et c’est tout.

 

***

 

Eh bien, non, ce n’est pas tout ; il ne s’agit pas d’écrire l’histoire à la façon du P. Loriquet. Pendant que tous les gens de bien s’inclinaient devant le malheur, pendant que les partisans bien nés cachaient avec soin une satisfaction secrète, trois individus ont cru devoir injurier le cadavre en route et jeter un peu de bave sur ce malheureux enfant dont le premier et unique tort avait été de vouloir prouver qu’il avait le cœur français et qu’il était digne de son pays et de sa race.

 

Nous ne voulons nous occuper que du moins coupable des trois. C’est un nommé … Ma foi, j’aime autant ne pas écrire ce nom là.

 

Voilà le fac-simile d’un placard qu’on vend dans les rues, sans que la police s’en préoccupe autrement :

 

IL A CLAQUE

 

LE

 

Pauvre Chéri !

 

DETAILS RUPINS ET INEDITS

 

sur la

 

Mort lamentable du jeune Oreillard

 

En vente partout

 

Avant-garde démocratique (Supplément au n° 3)

 

Rédacteur en chef : Léo Taxil

 

 

C’est ignoble !

 

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 08:32

Le procès du maréchal Bazaine : « l’affaire Régnier ».

 

« Régnier, dont le rôle dans les affaires de Metz a été si étrange, a publié, pendant le cours de la guerre de 1870, une brochure fort curieuse sur sa mission auprès de M. Bismarck et du maréchal Bazaine [brochure intitulée : « une étrange histoire dévoilée », publiée par l’Office de Publicité à Bruxelles, en 1870].

 

Les pièces ci-contre sont extraites de cette brochure, et nous avons cru qu’il y avait un certain intérêt à en reproduire en ce moment un fac-simile. Une vue d’Hastings avec un autographe du prince impérial à l’adresse de son père, alors prisonnier de guerre à Wilhelmshohe, voilà tout ce que Régnier put exhiber, comme pleins pouvoirs du maréchal Bazaine, près duquel il avait pénétré, grâce à la complicité des Prussiens, pour établir qu’il était le mandataire de l’Impératrice !

 

Nous n’avons pas à nous expliquer ici sur le rôle de Régnier qui sera élucidé complètement par les débats de Trianon […] ».

 

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 08:01

Les funérailles de Napoléon III

 

« Ainsi que nous l’avons dit dans notre dernier numéro, les funérailles de Napoléon III ont eu lieu, le 15 janvier, à Chislehurst.

 

Le corps était exposé depuis deux jours dans une des galeries de Cambden House. A l’entrée de cette galerie, toute tendue de noir et ornée de l’N couronné, se tenait M. Rouher en habit avec la plaque de grand-officier de la Légion d’honneur.

 

On traversait une haie de domestiques vêtus de livrées noires. A gauche, se trouvait la chapelle ardente sur le seuil de laquelle se tenaient le général Fleury et M. de Bourgoing.

 

Les murs étaient tendus de draperies noires. Une tenture tricolore cachait entièrement le plafond. A droite et à gauche, des torchères ; au fond, deux sœurs de charité, et au milieu, déposé sur un immense manteau de velours noir bordé d’hermine, le cercueil contenant les restes mortels de l’empereur.

 

La cérémonie des obsèques a commencé le mercredi à dix heures et demie. C’est à ce moment que le cortège a quitté Cambden House.

 

Le cercueil, placé sur un char traîné par huit chevaux noirs aux harnachements de deuil, était couvert de couronnes d’immortelles et de violettes. Derrière le char, précédant seul les membres de la famille, se tenait le prince impérial, très pâle, les yeux rougis. Derrière lui venaient immédiatement le prince Jérôme Napoléon ; les princes Lucien et Charles Bonaparte ; les princes Louis, Joachim et Achille Murat.

 

A droite et à gauche, marchait une députation d’ouvriers parisiens conduite par un cordonnier nommé Didier. Les membres du clergé français avaient pris également place sur les côtés du char.

 

Faisaient ensuite partie du cortège :

 

Les parents de l’Impératrice, MM de Huescar et Thomas Jycaro ;

 

Le vicomte Sidney, représentant la reine d’Angleterre, et lord Suffield, le prince de Galles ;

 

L’envoyé de Victor-Emmanuel, général Casanova ; puis le général Caselli, délégué de l’armée italienne, et M. de Schouvaloff, ministre du czar ; le lord-maire de Londres ; les schériffs et sous-schériffs de Londres ; une députation de l’institut de Woolwich ;

 

Les maréchaux Canrobert et Le Bœuf ; l’amiral Rigault de Genouilly ; les vice-amiraux Jurien de la Gravière, Choppart, Exelmans, La Roncière le Nourry ; les généraux Frossard, de Béville, Castelnau, de Genlis, d’Espeuille, Canu, de la Moskowa ;

 

Les anciens ministres, parmi lesquels MM. Rouher, de Gramont, de Lavalette, de Forcade la Roquette ; M. Schneider, ancien président du Corps législatif ; M. Piétri, ancien préfet de police ; M. Haussmann.

 

Les dix membres de l’Assemblée nationale appartenant au parti bonapartiste ; nombre de notabilités du Sénat et du Corps législatif, de l’ancien Conseil d’Etat et de l’ancien corps diplomatique, des fonctionnaires de l’Empire, etc.

 

Les dames avaient pris place dans l’église, où elles s’étaient rendues avant l’arrivée du cortège.

 

L’office religieux a été célébré par Mgr Dannell, évêque de Southwarck. Deux cents personnes tout au plus avaient pu s’introduire dans l’enceinte fort étroite de l’église Sainte-Mary. Lorsque les prières des morts eurent été chantées par la maîtrise de Saint-George’s Southwarck, on transporta le cercueil derrière l’autel, dans une chapelle grillée où le prince impérial vint s’agenouiller un instant.

 

Au sortir de la chapelle, le cortège a repris le chemin de Cambden House. Arrivée là, la foule s’est rangée sur deux files, dans la grande allée qui conduit à l’habitation, et le prince impérial, suivi des membres de la famille et des plus intimes amis de Napoléon III, a passé la haie, saluant les assistants ou leur serrant la main.

 

A ce moment, des cris de : Vive l’Empereur ! vive Napoléon IV ! se sont fait entendre.

- Messieurs, s’est écrié d’une voix très ferme le prince impérial, l’Empereur est mort, crions : Vive la France !

 

Le lendemain, l’impératrice a reçu dans le grand salon de Cambden House les Français venus pour assister aux funérailles de Napoléon III ».

 

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 09:13

Victoire de Sarrebrück

 

« Eh bien, il faut leur apprendre à vivre, à ces enragés Teutons ; serait-ce à coup de canons.

 

Nous avons commencé, mardi 2 août, à leur enseigner la politesse et nous les avons salués par une victoire. Espérons qu’ils ne nous rendront jamais la pareille.

 

Notre premier succès contre les Prussiens a eu pour théâtre la ville frontière de Sarrebrück (pont de la Sarre, en allemand). L’affaire s’est engagée à 10 heures du matin. C’est la division Bataille, du 2e corps d’armée, commandant en chef le général Frossard, qui a été chargée d’ouvrir le premier feu et de déloger les Prussiens retranchés dans le camp de manœuvre et derrière les hauteurs qui dominent la ville et descendent jusqu’à la Sarre.

 

La 2e division s’est massée à droite, tandis que la 3e couvrait à gauche les crêtes. Une batterie du 5e d’artillerie se place sur la gauche pour démonter les batteries fixes de l’ennemi.

 

Au-dessous et dans la plaine, se déploient en tirailleurs le 66e et le 67e d’infanterie de la brigade Bastoul.

 

Sur nos derrières s’allonge en longues files d’infanterie notre réserve que précède et suit un escadron de chasseurs à cheval.

 

Les tirailleurs engagent le feu à la distance de 400 mètres, avançant vivement sur l’ennemi qui se replie.

 

A onze heures, les troupes françaises couronnent les mamelons qui dominent la Sarre. L’artillerie s’établit dans la plaine, en face du bois de Lugwigswald où sont les batteries fixes prussiennes. La canonnade commence. A midi un quart, le bois qui abrite l’artillerie prussienne est en feu, Sarrebrück et Saint-Jean sont en feu. A ce moment, les mitrailleuses font leur entrée sur le champ de bataille.

 

Leur première décharge donne froid dans les os. Pauvres Prussiens !

 

Il n’est pas encore une heure et le feu de l’ennemi cesse sur la droite, dans les bois qui couronnent Arnewald. La division Bataille avance toujours. Deux formidables détonations se font entendre. C’est le pont de la Sarre, que les Prussiens viennent da faire sauter sur leurs derrières. Nous entrons à Sarrebrück et la campagne d’Allemagne enregistre sa première victoire, où le Prince Impérial a reçu le baptême du feu, à côté de son père l’Empereur […] ».

 

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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 08:12

Visite du Prince Impérial aux camps de Metz

 

« Le lendemain, vendredi, le Prince Impérial visitait les camps des environs de Metz. A neuf heures du matin, il était au Polygone, situé à l’est de la ville et sur le terrain de l’île de Chambière, voisin du quartier des Juifs. C’est là, que campent les grenadiers de la garde et où, avant la déclaration de guerre, l’artillerie faisait ses exercices. L’autre camp est situé au Ban-Saint-Martin, occupé par les voltigeurs. Le front de bandière des camps est entouré d’avenues de grands arbres, dont l’ombre n’est pas à dédaigner en ce moment.  Il y a plus de fraîcheur au Ban-Saint-Martin, surtout du côté de la digue de Vadrineaux. En revanche, il y a plus d’espace au Polygone. Ici et là, la Moselle est à deux pas. Le Ban-Saint-Martin est dominé par les forts de Philippeville et de Saint-Quentin. Sur la lisière des deux camps, on voit s’empresser toute une population de petits marchands, qui offrent aux soldats des boutons, des aiguilles, du fil, du papier à lettres. Ces industriels nomades, israélites pour la plupart, vont et viennent au milieu des mille et un éventaires que portent devant elles les cantinières civiles. Quelques unes de ces rogomistes indépendantes, sont là à poste fixe, distribuant aux zouaves, voltigeurs et grenadiers, l’eau-de-vie traditionnelle. Les plus jeunes et les plus jolies, sont celles qui ont la plus nombreuse clientèle, surtout parmi les zouzous qui se piquent de galanterie.

 

Dans l’un et l’autre camp, le Prince Impérial a été très bien reçu. Il était venu tout simplement à cheval, en petite tenue d’officier d’infanterie, sans épaulettes. Deux ou trois personnes l’accompagnaient avec M. Bachon, son écuyer.

 

Après sa visite au campement des quatre régiments de voltigeurs de la garde, des grenadiers et des zouaves, le Prince Impérial s’est rendu au camp des guides, dragons de l’Impératrice et cuirassiers de la garde. Le Prince s’est fait présenter les chefs des régiments, et on a remarqué qu’il saluait le premier les colonels à mesure qu’ils arrivaient devant lui.

 

On raconte que, malgré sa présence au camp, le jeune Prince trime trois heures par jour sur les plans topographiques. Il a copié, dit-on, pour son usage personnel, le tracé des routes de Metz au Rhin. Ses dessins sont parfaitement lavés, ses échelles de réduction tracées mathématiquement, et sa calligraphie est sans reproches.

 

Samedi, Napoléon III, de son côté, a visité les forts des environs de Metz.

 

Le lendemain, dimanche, il a entendu une messe de trois quarts d’heure, à la cathédrale. Il était accompagné du Prince Impérial. Le souverain et son fils se sont rendus à pied à l’église, où a officié l’aumônier de l’Empereur. L’assistance était nombreuse et bien des mères venaient prier là, pour la conservation de leurs enfants.

 

Les camps de Metz n’ont pas été visités que par les princes. Les officiers en retraite, qui abondent dans cette ville de guerre, y viennent tous les jours. Les Messins ne les quitteraient pas si la retraite ne les forçait à regagner leurs pacifiques demeures. Le mouvement national qui agite la France  se fait sentir surtout là, à deux pas de la frontière. Les instincts de fraternité et de sociabilité universelle se sont fondus en un seul sentiment, le patriotisme. Et voilà pourquoi la ville de Metz, convertie en véritable champ de Mars où vont et viennent tous les régiments, ne se plaint pas de son sort. Elle danse de joie en pensant qu’elle est la première étape sur la route qui doit mener nos soldats à Berlin ».

 

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 08:29

Arrivée de l’Empereur à Metz

 

« Jeudi soir, à 7 heures, l’Empereur, le Prince Impérial, le prince Napoléon et leur suite arrivaient à la gare de Metz. Le souverain avait désiré que sa réception n’eût aucun caractère officiel. Aussi peu de fonctionnaires, le préfet et le maire ; pas de discours, pas de fanfares. Mais quelle foule ! On se serait cru dans la rue de Rivoli le soir du 15 août.

 

Soldats, citadins, campagnards formaient une haie compacte depuis les abords de la gare jusqu’à la résidence impériale. Quels cris ! Quelles acclamations ! L’enthousiasme éclatait sur toutes les notes.

 

Rien de commandé, mais quelle ovation ! D’ailleurs l’enthousiasme n’a pas de consigne … En regardant Napoléon III on voyait venir la guerre et on saluait la veillée des armes.

 

Un piquet de cent-gardes précédait les voitures impériales. M. Raimbeaux, l’écuyer-sauveur, était à son poste. Il chevauchait à côté de la voiture impériale.

 

Dans la première voiture se trouvait l’Empereur et le maréchal Le Bœuf ; dans la seconde, le Prince Impérial et le prince Napoléon. La suite, très modeste, occupait quelques voitures.

 

L’Empereur semblait rajeuni, enveloppé dans le caban qu’il portait à son départ pour la guerre d’Italie.

 

Le Prince Impérial, les cheveux coupés ras, saluait en souriant la foule qui lui jetait des bouquets dans sa voiture. En le voyant, bien des mères ont pleuré d’attendrissement.

 

Le prince Napoléon se tenait un peu froidement. Seul, il semblait ne rien ressentir de cette frénésie, de ce délire qui électrisait ces braves Lorrains, qui les faisait danser, jeter en l’air leurs chapeaux.

 

L’Empereur, le Prince Impérial et le prince Jérôme Napoléon, sont descendus à l’hôtel de la préfecture de Metz, et le drapeau du quartier général a été arboré sur la flèche de la cathédrale ».

 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 10:45

Le départ de l’Empereur

 

« Malgré le mystère qui a présidé ce départ du souverain, dès cinq heures du matin, le 28 juillet, la foule se pressait aux abords du palais de Saint-Cloud. Les chants et les acclamations retentissaient sous les grands arbres du parc. Une grande animation se faisait aux alentours et dans l’intérieur de la résidence impériale.

 

Le départ était fixé à dix heures. A neuf heures et demie, les équipages sont venus stationner devant la porte principale du palais, du côté de l’allée des Marronniers.

 

L’Empereur en tenue de campagne, tunique boutonnée et képi, le Prince Impérial en uniforme également, le prince Napoléon et tous les officiers se sont rendus à la grille d’Orléans, à cette gare que recouvre un toit de chaume. Le cortège impérial a pris place dans le train impérial qui, par l’embranchement du parc de Saint-Cloud est venu rejoindre le chemin de ceinture et amener les augustes voyageurs à la gare de l’Est.

 

L’Impératrice régente, visiblement émue, a fait ses adieux aux siens dans la gare de Saint-Cloud et est rentrée au palais accompagnée de la princesse Clotilde.

 

Ont pris place dans les wagons du train impérial : le prince Napoléon ; M. Daviller, comte Régnault de Saint-Jean d’Angély, premier écuyer de l’Empereur ; les aides de camp : prince de la Moskowa, général de Béville, chef du cabinet topographique de l’Empereur ; vice-amiral Jurien de la Gravière ; les généraux Lebrun, Castelnau, Waubert de Genlis, Reille, Pajol, Favé, Arnaudeau ; les officiers d’ordonnance, les aides de camp du Prince ; Courson de Villeneuve, adjudant du palais ; les médecins de l’Empereur : MM. Conneau, Corvisart et le baron Larrey ; M. Piétri, secrétaire particulier ; M. Galand, chef de la police de sûreté des résidences impériales.

 

Depuis le matin, la foule stationnait aux abords de la gare de l’Est et principalement sur l’escalier monumental qui conduit à la gare de Mulhouse sur les hauteurs du boulevard extérieur. Quand le train impérial a paru, de longues acclamations sont sorties de toutes les poitrines, toutes les mains agitaient les chapeaux, on criait : Vive la France ! A bas la Prusse !

 

Au moment où le train s’est mis en marche, l’Empereur répondant à ces mille voix qui saluaient son départ, s’est montré à la portière du wagon et a dit : « A bientôt ». Ce « à bientôt » voulait dire : la guerre sera menée rondement. Le peuple l’a compris et ses acclamations ont redoublé ».

 

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 12:53

Réception des sénateurs à Saint-Cloud

 

« Le Gouvernement a fait au Sénat les communications que lui dictait sa haute responsabilité dans la grave situation imposée par la guerre. Les sénateurs ont accueilli avec un élan tout patriotique les déclarations de M. le duc de Gramont, ministre des affaires étrangères.

 

A la suite de cette séance, désormais historique, le premier corps de l’Etat a décidé qu’il se rendrait à Saint-Cloud, auprès de l’Empereur, pour lui confirmer particulièrement l’assurance de l’appui tout dévoué que le Sénat donnait à la politique du Gouvernement.

 

Le voyage à Saint-Cloud a suivi le dépouillement du vote, et les sénateurs ont été reçus par l’Empereur et l’Impératrice, auprès desquels était le Prince Impérial.

 

Au discours prononcé par M. Rouher, et dans lequel le président du Sénat a fait l’historique du conflit franco-prussien, Napoléon III a répondu par ces paroles : « Messieurs les sénateurs, j’ai été heureux d’apprendre avec quel vif enthousiasme le Sénat a reçu la déclaration que le ministre des affaires étrangères a été chargé de lui faire. Dans toutes les circonstances où il s’agit des grands intérêts et de l’honneur de la France, je suis sûr de trouver dans le Sénat un appui énergique. Nous commençons une lutte sérieuse. La France a besoin du concours de tous ses enfants. Je suis bien aise que le premier cri patriotique soit parti du Sénat ; il aura dans le pays un grand retentissement ».

 

 

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8 octobre 2010 5 08 /10 /octobre /2010 08:17

Soirée intime chez le Prince Impérial : représentation de la grammaire

 

« Le mardi-gras, il y avait réception intime chez le Prince Impérial. Le pavillon de Flore était en fête. C’est dans un salon tendu de riches tapisseries et splendidement éclairé que l’héritier du trône des Napoléon a reçu ses invités.

 

L’Empereur et l’Impératrice, les princesses Mathilde et Clotilde, les dames de la cour, la maréchale Bazaine, le général Frossard, le commandant Lamey, et quelques rares élus, assistaient à cette réunion de famille, ainsi que les amis du prince, au nombre desquels il ne faut pas oublier le jeune Conneau.

 

Une petite représentation théâtrale avait été organisée. La pièce choisie était la Grammaire, un acte emprunté au répertoire du Palais-Royal. Le jeune prince et ses jeunes amis s’étaient distribués les rôles. Tout ce petit monde intelligent a très bien rendu l’esprit des personnages qu’il était chargé de faire vivre sur un mignon et élégant théâtre dressé dans un des salons particuliers de S.A. Le fils de l’Empereur, dans son rôle d’aspirant académicien pour lequel les premiers éléments de la grammaire sont lettre morte, a parfaitement dit et finement fait sentir la délicatesse des situations auxquelles est soumis son personnage. Son professeur de diction et de maintien a dû être content de lui.

 

A propos de la représentation de la Grammaire au palais des Tuileries, un reporter politique ne manquerait pas de faire observer que la comédie ne s’établit solidement à Athènes que lorsque l’élément démocratique eût complètement prévalu sur l’élément aristocratique, et que le despotisme des Pisistratides encouragea le culte de la tragédie à l’exclusion de tout autre. Le susdit reporter en arriverait à expliquer pourquoi Napoléon Ier prenait des leçons du tragique Talma, et non pas de l’acteur Potier, qui se faisait alors applaudir aux Variétés. Ces inductions et ces déductions ne sont pas de notre domaine, et nous mèneraient trop loin.

 

Chez le Prince Impérial, comme jadis chez les Grecs, c’est la gastronomie qui a été chargée de récompenser le zèle des acteurs. Mais tandis que dans la Mégaride on se contentait de donner à Susarion, le premier qui gagna le prix de comédie, une corbeille de figues et une jarre de vin, le futur Napoléon IV a réuni autour d’une table délicatement servie les six enfants qui l’avaient secondé dans ses débuts dramatiques. Ce dîner privé, auquel avaient été conviés le général Frossard, le docteur Corvisart et le commandant Lamey, avec les jeunes comédiens, fut plein d’entrain et de joyeux propos.

 

Je ne sais si M. Frossard, le précepteur du Prince Impérial, assaisonna le menu d’une leçon philosophique. En tout cas, le moment n’aurait pu être mieux choisi pour rappeler aux jeunes artistes un certain dialogue entre M. de Talleyrand et l’acteur Potier, et reproduit par Louis Lurine dans le Train de Bordeaux : « La grandeur d’un véritable comédien comme moi, dit l’acteur, est éphémère, mais elle ne fait pleurer personne … mon esprit n’a joué qu’avec des illusions charmantes, et je n’ai vaincu mes ennemis du parterre qu’en les forçant de m’entendre et de s’amuser. Vive la marotte de Potier ! Voilà un sceptre qui n’a blessé aucun de mes sujets ; voilà une royauté qui n’est point tyrannique, point ambitieuse, point jalouse, et qui partage volontiers son royaume et sa puissance avec d’autres rois que l’on appelle Odry, Vernet et Brunet ! ».

 

Ses jeunes auditeurs auraient probablement remercié le général Frossard de cette leçon pleine d’à-propos ».

 

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